(suite de : Un peu d'histoire)
Le déracinement
La présence de la famille Nason en Nouvelle-Angleterre remonte au début de la colonisation du Maine. L'ancêtre : Richard I, petit-fils d'Ananias et Ursula Nason, et fils de John et Elisabeth Rodgers, fut baptisé le 5 septembre 1606 à Stratford-Upon-Avon (Warwickshire), Angleterre. Il immigra vers le nouveau monde vers 1627 et fut un des fondateurs de South Berwick. D'après des recherches faites par M. Johh F. Ritchotte, de Washington D.C., Richard Nason serait un Quaker qui aurait gagné la Nouvelle-Angleterre afin d'y profiter de la relative liberté religieuse dont jouissait sa communauté. Bien que les Quakers prônaient la non-violence et refusaient de porter les armes, ils pouvaient déroger à cette pratique en Amérique du Nord compte tenu des conditions de vie très précaires et des attaques dont leurs établissements faisaient l'objet par les Amérindiens et de la colonie de la Nouvelle-France toute proche. Les Nason étaient donc des Militant Quakers selon l'appellation de l'époque.
Richard Nason I s'installe d'abord à Dover (New Hampshire), avant de se voir concéder 200 acres de terre à Pipe Stave Landing, près de Kittery. Il épouse Sarah Baker en 1640 à Kittery. De cette union naîtront sept garçons et une fille, s'assurant ainsi une descendance qui est toujours présente dans cet état. Devenu veuf, il épouse vers 1663 Abigail Follet, veuve de Nicholas Follet. Ce seconde union demeurera sans postérité. Richard Nason I occupa plusieurs fonctions dans sa communauté : arpenteur, juré et délégué à la General Court. On ne connait pas la date exacte de son décès, mais son testament, rédigé le 14 juillet 1695, est insinué le 22 décembre 1696.
Richard Nason II, né vers 1649, épouse vers 1680/82 à Hampton (New Hampshire) Shuah Colcord, née le 12 juin 1662, fille d'Edward et d'Anne Warde. Les Coldord figurent parmi les fondateurs de Hampton, communauté située sur la rive gauche de la rivière Salmon Falls, en face de Kittery. Edward Colcord, originaire du comté de Hampshire (Angleterre), arrive à Portsmouth à bord du Mary & John en 1630. Les Ritchot peuvent donc s'enorgueillir d'un profond enracinement en Amérique du Nord.
Richard Nason II et Shuah Colcord étaient établis à Sturgeon Creek (aujourd'hui Eliot, comté York, Maine), un village situé sur la route 236, au nord de Kittery. Il auraient eut une fille (nom inconnu) et un fils : Richard alias Jacques, né vers 1682, ancêtre commun de tous les Ritchot.
Voici comment Emma Lewis Coleman décrit le périple de notre ancêtre dans son ouvrage New England Captives Carried to Canada (Portland ME : Southworth Press, 1925, p. 182-184.) :
En octobre 1675, après la seconde attaque sur la maison de [Richard] Tozier, les indiens prennent la direction au sud de Sturgeon Creek où la tradition veut que Richard Nason Jr. ait été tué sur le pas de sa porte et son fils Richard, troisième du nom, ammené au Canada. Cela représente une date très ancienne pour un captif. Le garçon, âgé de seulement sept ans, fut gardé quelques temps dans les forêts du Maine puis amené ultérieurement au Canada, à moins que la date de la capture soit erronée. Son nom figure parmi les non rapatriés en 1695, suggérant ainsi une capture plus récente. En 1710, Richard Naasson de Nouvelle-Angleterre vivant à sainct françois Marié à une femme française et ayant des enfants est naturalisé. La généalogie Nason raconte qu'il vécu jusqu'à un âge avancé et que ses qualités furent très estimées ; qu'il fut vendu par les Indiens à un Français vivant près de Montréal, dont il aurait marié la fille.
[traduction par l'auteure de l'article]
Les anachronismes dans le récit de Mme Coleman sont dûs en grande partie au fait qu’elle ait peut-être consulté des ouvrages historiques sur Kittery, dont plusieurs contiennent des erreurs quant à la chronologie des événements. Richard Nason II aurait été tué lors d’une attaque antérieure à celle de Salmon Falls. Après la mort de son mari Shuah Cordord épousa John Douglas, le 16 septembre 1687 à Kittery. L’attaque de la maison Tozier a eu lieu le 18 mars 1690. Le 27 mars 1690, un groupe de 60 personnes, français et indiens, fondent sur Salmon Falls et amènent avec eux une vingtaine de captifs. Il a du passé quelques temps avec les Abénakis avant d'être racheté par des Français et pris en charge par la famille Crevier de St-François-du-Lac. Bien que des protocoles de retour de captifs aient été mis en place, certains restèrent en Nouvelle-France. Ce fut le cas de beaucoup d'enfants qui, ayant grandi dans des familles françaises et s'étant de fait acclimatés n'auraient pu subir un second déracinement sans traumatisme. Dans un article du New England Historical & Genealogical Register (Volume 24 (1878), p. 290) intitulé Instruction to Matthew Cary About Bringing Prisoners From Canada, qui liste des captifs encore aux mains des Français en 1695, le nom de Richard Nason apparaît en 41ème place.
Richard Nason III ne fut pas le seul membre de sa famille à être enlevé. Une cousine, Sarah, fille de ses oncle et tante Benjamin Nason et Martha Kenney, fut prise en 1694, à l'âge de six ans. Détenue par des Indiens ennemis, elle fut rendue à ses parents vers 1699, moyennant le paiement d'une rançon de 5 livres, 6 shillings et six pences et une compensation financière pour une blessure à la main. Elle a épousé William Divers à Portsmouth en 1725.
[à suivre]
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